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Délivrance
James Dickey, (re)traduit par Jacques Mailhos
Gallmeister 2013

Gallmeister continue son exploration du mythe américain. Ici, c’est un monument du genre présenté dans une nouvelle traduction. « Délivrance »
Qui ne se souvient du film éponyme réalisé par John Boorman, en 1972 et largement récompensé ? Mais si, vous savez bien, la scène d’entre toutes la plus « culte » ce duo-duel  banjo – guitare qui tisse fugitivement un lien entre un gosse cul-terreux visiblement déficient et un américain citadin moyen ? Il y a, ensuite, la descente d’une rivière nichée dans une merveilleuse vallée sauvage qui va bientôt disparaitre sous un lac de barrage. Quatre amis, sous la houlette d’un adepte du survivalisme, vont en faire la descente en canoë.

Le narrateur, Ed, est un homme ordinaire que sa vie ordinaire plonge progressivement dans la dépression. La petitesse de son existence, l’étroitesse de son milieu, de lui-même, de ses aspirations, de son avenir, le plongent dans des angoisses qui le poussent à suivre le fougueux Lewis. Est-ce une crise de la quarantaine, ou plus largement, une prise de conscience des limites du modèle de la société américaine assise sur une morale étroite et une consommation effrénée ? L’aventure, pour Ed,  représente une ouverture laissant soudain passer un grand bol d’air frais dans sa vie étriquée. C’est sans compter sur la sauvagerie des montagnards isolés au fin fond de la Georgie. Et surtout, sur la sauvagerie des rapides qui les traiteront comme des fétus impuissants.
Passionnée par le roman, j’ai eu envie de revoir le film. Déception. Il est beaucoup plus daté que je ne m’en souvenais. Cela met davantage encore en valeur  le texte, intemporel, si exceptionnel dans sa description tant des personnages que de la nature.

Tout à la fois peinture intime d’un homme confronté à ses limites et chantre d’une nature mourante, ce roman délivre encore et toujours un message profond de pessimisme heureux. Car lorsque tout est perdu, il demeure, encore, toujours, une étincelle infirme d’espoir.
 

Sauvagerie de la nature, sauvagerie des hommes...
Tag(s) : #critiques
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