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back-up.jpgBack Up
Paul Colize
La manufacture de Livres, 2012

Bien des romans noirs se déroulent dans les bas fonds de Los Angeles, à la rigueur dans le smog de San Francisco…Avec Paul Colize, on est immédiatement au parfum… Ce sera Bruxelles ou rien !
Voilà qui, de fait, est purement calomniateur. Certes Paul Colize est belge. Mais hormis le fait que ce ne soit pas une tare, son roman « Back up » nous entraine aussi à Berlin et à Londres.
Toute l’intrigue repose sur le destin d’un malheureux, surnommé X Midi. X parce qu’on ne sait pas qui il est, Midi, parce qu’il a été trouvé sous les roues d’une voiture devant la gare de Midi à Bruxelles.
SDF ? ou pas ? Le doute est permis. Vêtements sales et abimés, pas d’argent ni de papiers, mais ongles coupés, pas de plaies aux pieds, parties intimes saines. Alors, déguisement ? Mais pour se cacher de qui ? de quoi ?

Le problème est que lorsque X Midi se réveille de son coma après de longues semaines, il ne peut communiquer. Atteint de Locked in syndrome, s’il est parfaitement conscient de son environnement, il ne peut que cligner des paupières. Parfaitement paralysé, enfermé dans la prison vivante de son corps. Difficile de communiquer dans ces conditions, d’autant que le malade semble ne pas tenir du tout à donner son nom ni à révéler quoi que ce soit de son passé.
Un homme ne désarme pas. Un kiné, qui vient voir le patient tous les jours et prend en charge sa rééducation, mène une enquête digne de la police.
Évidemment, si l’on suivait le roman au rythme des progrès de la motricité du héros, on attraperait des escarres, nous aussi. Mais Paul Colize fait voyager la mémoire du patient vers un passé lointain, depuis sa prime enfance jusqu’au jour où désespéré, il s’est caché sous les oripeaux du mendiant qu’il n’est pas.
Ces aller-retour entre les recherches hésitantes du soignant et une mémoire silencieuse mais imprégnée de fureur rock se font en toute fluidité. Car X Midi était batteur, baignant dans la musique rock des années soixante quand les Beatles étaient des gamins outrecuidants. Toutes les musiques, toutes les expériences psychédéliques se heurtent et font chorus dans la mémoire d’un homme condamné à jamais à la plus terrible des immobilités silencieuses dans un paradoxe d’une grande cruauté. L’avancée dans l’intrigue se fait ainsi, sur deux temps, peut-être au son d’une caisse claire ?
Le quinqua lira ce roman avec la tendresse qu’on éprouve pour les ombres de sa jeunesse pas si lointaine, mais déjà derrière. Les plus jeunes feront une découverte historique sensible, axée sur l’énergie digne d’un ouragan de la musique de ces années là.

Un roman dont la bande son réveillerait un mort !

 

 

Tag(s) : #critiques
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