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Maurice Gouiran

"Sur nos cadavres, ils dansent le tango"

 

Editions Jigal

Collection polar, 2011

 

Sur-nos-cadavres-ils-dansent-le-tango.jpgGouiran, on ne s’en étonnera pas, nous entraine dans une enquête qui se déroule, comme à son accoutumée, à Marseille. Un parking, un meurtre crapuleux.

Mais est-ce vraiment cela ? rien qu’un vol qui tourne mal ? Emma Govgaline, lieutenant chargée de l’enquête, n’y croit guère, peut-être seulement par esprit de contradiction ? Le commissaire Arnal, son supérieur, voudrait voir cette affaire bouclée au plus vite. De Moulerin, la victime, est un élu, ancien militaire doté de relations, reconverti dans la sécurité privée. Arrêter son meurtrier est donc une priorité. Inutile de finasser en fouillant la vie privée du militaire, décoré sur toutes les coutures. C’est un meurtre crapuleux et les statistiques comme la politique réclament une résolution rapide. Mais… Il n’y a pas que la policière à douter que le passé de la victime soit aussi clair. Le petit fils de Moulerin, être étrange, hybride cybernétique perpétuellement connecté sur « Second Life », doute des apparences de son grand-père.

 

Gouiran aime gratter le vernis de respectabilité des uns et des autres, du flic de base mouillé avec le banditisme local au militaire porteur d’un passé lourd de tortionnaire appointé par l’état. Il choisit, pour nous entrainer dans une suite de rebondissements, deux héros improbable.  Un adolescent déconnecté du réel, pourtant capable de fouiller passé et présent, et une policière, bi sexuelle en rupture de pacs avec sa femme.

Leur enquête les mènera loin dans les vilains secrets de la politique d’état, quand la France prêtait à l’Argentine ou au Chili ses spécialistes de la torture, formés en Algérie. Ne rechignant pas à mettre la main à la pâte, ces militaires hautement spécialisés formèrent dans les pays d’Amérique du Sud des locaux à leur image, experts en meurtres barbares, enlèvements suivis de disparition et… vols d’enfants.

 Maurice_Gouiran_2009.jpg

Le roman est constitué de l’alternance des recherches du jeune garçon et de celles d’Emma, de comptes rendus d’évènements vieux de trente ans, de témoignages de journalistes à la mémoire longue.

Il construit progressivement l’image d’une réalité qu’on voudrait oublier mais qui a blessé si profondément en Argentine ou au Chili, que toutes les amnisties  du monde ne guériront rien.

La réalité marseillaise se prête à toutes les possibilités, celle-ci compris.

Un roman qui donnerait des frissons glaçants s’il n’était réchauffé par le tissu humain, l’accent, la richesse des personnages et le talent de Gouiran pour les mettre en scène.

Tag(s) : #critiques
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