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« Celui qu’on ne voit pas » et « Les Ombres silencieuses »

Mari Jungstedt

éditions Livre de Poche 2011

 

gotland.jpgDans ces deux romans qui se font suite, le personnage central est sans doute l’île de Gotland. Située à l’abri des vents froids du Nord par le long bras avancé de la Suède, Gotland est considérée là-bas comme la Corse ici. Lieu de villégiature, nature préservée et climat doux, murailles de forteresse, langue exotique. Tout y est, à quelques degrés Celsius près. Du coup, c’est un polar nordique (presque) énervé.

 

Cinquante mille habitants hors saison, deux cent mille durant l’été. La police ne compte que quelques hommes, dirigés par le débonnaire commissaire Anders Knutas. Et savez-vous quoi ? Heureux en ménage, avec des enfants gentils, une vie tranquille et équilibrée, cet homme-là pourrait être votre voisin, invité à vos barbecues.

L’île n’a plus de télévision locale. Quand se produit un événement marquant, on délègue un journaliste qui se rend surcelui-qu-on-ne-voit-pas.jpg l’île en avion. Quand survient un crime, c’est Max Grenfors qui part.

Ces personnages, on va les retrouver dans les deux romans, chacun dans son rôle, l’un râlant, l’autre harcelant, mais à la mode suédoise. Paisiblement, presque. Sauf que sur l’île le journaliste va tomber amoureux d’une femme mariée qui se croyait heureuse en ménage avant de le rencontrer…

 

« Celui qu’on ne voit pas » : Un premier meurtre, un second quelques jours plus tard. Seul point commun des victimes : leur âge. À peu de choses près, le même. Meurtres commis avec une grande brutalité, un détail horrible souligne le cynisme du tueur qui leur enfonce leur petite culotte dans la bouche. Avant ou après les avoir tuées ?

On suit les hésitations du commissaire Knutas, les reportages sensationnalistes qui apeurent le public et un lent suspens s’installe, fait de tensions entre le journaliste et le commissaire. Dans le même temps, une prise de conscience progressive naît chez celles qui seront les prochaines victimes. Comme un éloge de la lenteur…

 

« Les ombres silencieuses » : Knutas enquête sur l’assassinat d’un semi clodo. Ne pas croire qu’il ne va pas y mettre tout son cœur, mais enfin, difficile de s’impliquer tout de même pour une victime à peine socialisée. La disparition de la jeune Fanny, adolescente dont la mère alcoolique et négligente s’occupe peu et mal, va bousculer l’emploi du temps du policier et ramener sur l’île le journaliste. Max Grenfors est toujours plus amoureux deLes_ombres_silencieuses.jpg son îlienne qui ne sait plus à quel destin se vouer. Celui de mère de famille sage et satisfaite de son sort ou d’amoureuse transie d’un homme qui la fait vibrer. Les deux enquêtes et les ennuis matrimoniaux d’Emma vont se répondre et ce roman mélancolique nous fait découvrir l’île en hiver. La fin tragique laisse présumer qu’on va retrouver plus tard Knutas très déprimé et surtout, désabusé. À quoi pourra encore croire ce brave homme ?

 

À lire pour le déroulement paisible, l’odeur du brouillard marin, la couleur du matin. Il y a aussi  la tendresse que se vouent les personnages dans une société attentive où tout le monde connaît tout le monde. Amateur de gore frimeur, thrillers multinationaux et complot maçonniques s’abstenir. Le registre est à l’opposé, mais le plaisir est au rendez-vous. Celui MariJungstedt.jpgqu’on éprouve quand on rentre chez soi un soir d’hiver, et que vous accueille une bonne odeur de soupe.

 

 

(Plon 2007 et 2008 pour les traductions françaises).

6€95 chacun pour respectivement 439 et 407 pages

 

 

Tag(s) : #critiques
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