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pas-de-pitie-pour-martin_.jpgPas de pitié pour Martin

 

Karin Slaughter

 

Le Livre de Poche, 2011

 

Martin Reed est un loser… Dans ce mot, tout le mépris des autres, les beaux, les intelligents, les méchants, ceux qui ont une vie. Celle de Martin est baignée de permanentes humiliations, de regrets désolants, de hontes rentrées et de multiples désirs inassouvis. Il vit dans la même ville depuis l’enfance, et ceux qui l’ont maltraité cruellement dès la maternelle sont aujourd’hui ses collègues, toujours aussi odieux. Quant à son élévation intellectuelle, jugez-en : Martin travaille dans une entreprise dont le papier hygiénique est le produit phare !  Sa mère, avec laquelle il vit toujours à quarante ans, alcoolique, mal embouchée, violente, rêve de pouvoir le convaincre d’homosexualité ou d’alcoolisme… histoire de s’inscrire à des groupes de paroles de parents désespérés, tous les clubs de la ville, y compris celui de jardinage, l’ayant radiée les uns après les autres.

 

Après un « trou du cul » humiliant gravé sur la peinture de sa voiture, voici qu’il retrouve celle-ci endommagée, pare-choc défoncé. Martin se blesse en retirant le morceau qui le gêne pour rouler. Désespéré il macule sa chemise de sang en bataillant avec les débris de ferraille.

 

Las pour Martin, il n’y a pas que son sang sur sa chemise et un effarant concours de circonstances en fait le coupable idéal du meurtre, tout près de chez lui, d’une collègue particulièrement féroce à son endroit. Le sang de la femme se trouve sur le pare-choc de la voiture de Martin, sa chemise, sa main... Et le corps de la malheureuse est retrouvé : une voiture lui est passée plusieurs fois dessus, délibérément, avec une haine sauvage.

 

Qui peut en vouloir à Martin au point de monter cette efficace machination ?

 

L’enquêtrice chargée de l’affaire est une cinglée mythomane qui a choisi de se faire passer pour lesbienne histoire d’avoir la paix avec ses collègues masculins. Mais sa mystification dépasse de loin ses attentes, et elle est devenue prisonnière de ses mensonges. Sa rencontre avec Martin relève d’une autre sorte de collision avec dégâts (pour lui) et va changer leurs deux vies d’une manière tout à fait inattendue, drôle et féroce à la fois.

 

Avec ce petit bouquin de 140pages, Karin Slaughter bâtit un petit bijou d’humour noir. Personne ne trouve grâce aux yeux de l’auteur. Martin donne envie de le secouer comme un shaker pour le faire sortir de sa passivité. La policière est affolante de parti pris, la mère est folle, le milieu professionnel est répugnant… C’est un catalogue de personnages horribles, sales, bêtes et méchants…

 

Pour peu qu’on ait un sens de l’humour teinté de cynisme, on rira à gorge déployée à la conclusion de ce petit roman savoureux de dérision. Très loin de ses romans plus convenus, Karin Slaughter a trempé là sa plume dans une décoction mélangée de piment, de poivre et de vinaigre qui vous dégage sévèrement les narines !

Krain Slaughter, par ailleurs, se révèle un personnage surprenant. Le combat qu’elle mène en faveur de a lecture publique, totalement abandonnée par les pouvoirs publics, ne peut que la rendre hautement sympathique. Alors, c’est décidé : achetons Slaughter qui soutient financièrement les « pubklics libraries" de sa Georgie natale.

Tag(s) : #critiques
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