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Don Winslow

« Savages »

Editions du Masque, 2011

 

 

savages« Fuck You ! »

Première phrase de « Savages », mais aussi, premier chapitre, in extenso…

Voilà qui donne, dès l’abord, la couleur du roman.

 

Chon et Ben sont amis, des vrais amis, amoureux de la même fille : « O », qui aime en retour, inconditionnellement « ses hommes ». Associés en amour, ils le sont aussi en affaire. Une belle petite affaire, sympathique, de culture de marijuana, dont la qualité est telle que leur clientèle triée sur le volet rapporte une petite fortune.

Ben et Chon, le babacool très coooool, humanitaire dans l’âme, et l’ancien marine des Navy Seals. Association définitivement improbable, qui dans leur esprit devrait continuer indéfiniment.

Malheureusement, le monde sauvage de la concurrence ne peut tolérer les petites entreprises indépendantes et nos deux amis vont devoir affronter, armes au poing, un cartel mexicain particulièrement violent. Ben va devoir plier son pacifisme à la dure réalité. Vaut-il mieux perdre son âme ou son amour ?

 

Sur ce canevas assez simple, Don Winslow construit une histoire à l’humour ravageur toujours présent, sur un ton à l’élégance cynique et désabusée.

Qu’on en juge : voici la jeune O prisonnière. Elle occupe son oisiveté en cherchant des personnages célèbres auxquels s’identifier. Féminins, avec de la classe, elle trouve Marie-Antoinette. « Belle, la tenue. Cette nana savait faire les boutiques. Lâchez donc MA à South Coast Plaza ou Fashion Valey, ça vaudra le détour ».

 

Un cartel avec des méchants très cruels, un trio fantaisiste et sauvage à la fois, débordant d’amour et de convictions politiquement incorrectes : voilà qui, déjà, faisait beaucoup pour notre plaisir. Mais Don Winslow est dôté, en plus de sa créativité, d’un talent d’écriture très personnel. Rares sont les écrivains de cette trempe, et la scansion, souvent par liste, par initiale, basée sur des phrase cassées et de clins d’œil autoritaires, n’est pas sans rappeler le style de David Peace.

Ah, le gros mot lâché, celui qui fait peur au lecteur tiède et timoré ! Le style. Oui, messieurs dames, le style, celui qui vous force à entrer dans une musique inconnue, une danse dont vous ne connaissez pas les pas, mais qui vous laisseWINSLOW admiratif, ébouriffé et ravi ! Garanti ! Ou alors, effrayé, caché sous la couette peut-être ? livre fermé au bout de quarante pages.

Vous qui ouvrez « Savages », sachez que vous n’avez rien lu qui lui ressemble, et c’est un heureux antidote aux formatages accomplis, construits, chapitre après chapitre, pour faire du « best-seller ».

Ce qui me fait penser… Non, je ne dirai rien d’une grosse, très grosse médiocrité, lue par obligation masochiste, rien du site associé à la bouse en question, alignant les vidéos plagiaires de séries américaines tout venant, le tout célébré par un marketing d’enfer. Rien, même pas le titre, na, mais certains auront compris qu’il s’agit du « énième niveau » de médiocrité, très très haut placé dans la liste des rares bouquins que je me sens prête à « autodafer ».

 

Lisez Don Winslow, ne ratez pas cette occasion de faire un tour de montagnes russes littéraires. Et réjouissez vous : la littérature existe toujours : elle bouge encore, et bien !

 

22€  326 pages

Tag(s) : #critiques
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